« Mais pourquoi tu pleures ? » demande désesperée Luce à son bébé. Ces cris restent une énigme pour elle. Aucun mot ne semble pouvoir lui venir en aide. Quelques semaines auparavant, la perte des eaux l'avait laissée dans la plus grande perplexité, montrant combien la maternité n'a rien de naturelle.
Préférons alors à la proposition universelle d'être mère, celle d'être une mère, à sa façon, pour tenter d'occuper une place vis-a-vis de son enfant construite à compte d'auteure, loin des évidences trop répandues.
Justement,ces dernières années la question de la maternité à été éclairée autrement, même si dans la publicité l'image d'Epinal perdure encore et toujours - une mère qui s'occupe de tout et de tous avec bonheur ! Podcasts, séries, livres et consultations spécialisées ont donc le mérite d'ouvrir un espace de discussion jusque-là inédit. « Les femmes souffraient en silence, relève Clementine Galey, créatrice, en 2018, du podcast Bliss Storie ». La vague libératrice de la parole suite au #metoo, a aussi déferlée sur le thème de la maternité. Ainsi le hashtag #MonPostPartum a vu se succeder les publications de temoignages explicites et crus de jeunes mères qui s'entraident, se reconnaissant pour une part dans l'autre.
Si la promotion de ce discours est salutaire, la clinique analytique ne cesse néanmoins de montrer qu'un intransmissible, tout à fait personnel, demeure, traduisant I'absence de rapport entre la naissance d'un enfant et celui d'être une mère, rapport qui reste toujours à inventer. En ce sens, le film de Delphine Noels, Post partum (2014), fait figure d'avant-garde, et montre Luce se risquer invariablement à construire un lien avec sa petite Rose.