Partenaires et symptômes

AVANT-GOUT…
Cela n'est plus à démontrer, l'inconscient, c'est le social, la rencontre avec l'autre : partenaire, ami, amoureux, copain, collègue, bref, le collectif, mieux, le réseau. Mais, alors que notre démocratie vit des heures sombres et que l'arrivée au pouvoir de la droite populiste et nommément, du Front National, apparaît dans l'univers des possibles, rappelons-nous que l’inconscient, c'est aussi la politique. Lacan, d'avoir su, à son époque, le souligner, signe, à nouveau, son actualité, mordante. En cette période trouble, où l'on sent le vent tourner, sans bien savoir ce qui se prépare pour nous, pour nos enfants, la campagne présidentielle bat son plein et un horizon se dessine, incertain.
La psychanalyse nous aide à penser que celui qui suscite la haine, l'autre, l'étranger n'est rien d'autre que le frère, le semblable. Si l'institution se doit de refréner la jouissance, et la puissance destructrice de la pulsion de mort, la civilisation, elle, se doit de faire, dans ce tableau, acte d'interprétation, au risque de voir survenir son envers, la ségrégation.
À l'époque du « tout, tout de suite », j'aurais adoré vous parler de la rencontre en mode 2.0 et de la façon dont internet ne cesse de prouver son talent, à trouver le lieu et la formule (non sans l'aide de ses algorithmes) pour trouver, en un clic, chaussure à son pied. J'aurais aimé vous dire que les romantiques vont sur Meetic, les ironiques sur Adopte un Mec et les pressés sur Tinder. L'actualité en a décidé autrement.
La question des partenaires et des symptômes concerne aussi celle de la vie de la cité et du comment vivre ensemble, à plusieurs. Question politique, éminemment, dans laquelle la psychanalyse a plus qu'un rôle à jouer, ou un mot à dire ! Elle y a une place à défendre, de celle qui donne à chacun, voix au chapitre. Des vertiges de l'amour à ceux de la haine, les clocheries, boiteries et autres ratages, dont nous défendons l'inventivité et l'originalité, pourraient bien ne plus avoir droit de cité. Qu'en serait-il, dans ce contexte, du mariage pour tous, du droit à l'avortement ? Qu'adviendrait-il du sort des autistes ou des enfants violents ? Que se passerait-il pour ceux qui exercent la psychanalyse ?
L'éthique que nous défendons, celle du à chacun son partenaire et à chacun son symptôme, nous devons la défendre au-delà de nos cabinets, et de nos institutions, aujourd'hui, sur la place publique, dans la cité. Car une fois nos patients partis et nos cabinets fermés, nous ne nous endormons pas sur nos divans ! Résolument modernes et décidés, branchés sur nos réseaux, sociaux, mais pas virtuels, nous agissons pour que notre discours, qui n'est pas du blabla, trouve son écho.
Notre engagement n'est pas d'aujourd'hui, ni d'hier. Il ne s'arrêtera pas demain. C'est ce que, à coup sûr, Philippe de Georges viendra nous faire entendre le 1er avril lors de la conférence qu'il tiendra sous le titre « Partenaires et symptômes ».
 
Agathe Sultan