" L’analyste, dans son acte, ne pense pas. Comme analyste, il n’est pas sujet : il n’a pas à se préoccuper de lui-même, de l’effet que lui font les paroles de son patient. Il ne répond pas comme sujet, avec son désir personnel, son fantasme, son inconscient. L’analyste en tant que sujet a un lieu pour cela : c’est sa propre analyse qu’il a à poursuivre aussi longtemps qu’il le faut. En ce sens, le contre-transfert est bien pris en compte par Lacan, mais pour y veiller, afin qu’il n’intervienne pas dans la direction de la cure, car il est conçu comme inertie de la part de l’analyste, en plus de la somme de ses préjugés.
L’analyste est plutôt silence ; silence qui intrigue, qui fait énigme, qui suscite l’interrogation. Et quand il parle, l’interprétation garde une certaine opacité, et quelque chose reste de l’ordre de ce hors-savoir. L’analyste prête sa présence à incarner ce qui manque de mots – même quand on parle –, et qui produit en même temps la satisfaction pulsionnelle ignorée de la séance. Donc il doit l’incarner, et non pas en parler. L’incarner, par exemple, au moment de la coupure de la séance, donc dans son effet de perte. Ceci ne se fait pas en interprétant le transfert, ce qui reproduirait la logique de la résistance. C’est pourquoi, on interprète dans le transfert, mais on n’interprète pas le transfert."Dans le cadre des après-midi du Collège Clinique de Lille et de l'ACF en CAPA, des psychanalystes, enseignants dans d'autres régions, sont invités à travailler sur un thème. Cette année, le transfert, un des concepts fondamentaux de la psychanalyse, est remis sur le métier avec, et après Nicole Borie, la venue du Quebec d'Anne Béraux. Elle est psychanalyste à Montréal, membre de la NLS et de l'AMP. Elle a choisi pour titre de sa conférence : " le transfert et la présence de l'analyste"