L’éducation positive et la culture de l’Autre méchant
La pensée positive est devenue l’un des maîtres-mots de l’individualisme effréné de notre époque. Issue de la psychologie nord-américaine, cette prétendue « fabrique quotidienne du bonheur [1]» s’implante aujourd’hui un peu plus dans le champ de l’éducation, de la pédagogie et de la santé. On la retrouve par exemple dans le développement personnel, l’éducation ou la parentalité positive, la neuropédagogie, la réhabilitation psychosociale, la résilience etc.
Martin Seligman, fondateur de cette psychologie dite positive, affirme que sa théorie a été inventée en opposition à la psychanalyse, à tout ce qui a trait à la pathologie, à la souffrance, au symptôme. Ce rejet massif de l’inconscient, de la jouissance, voire de la pulsion de mort, fait retour dans le réel, par exemple dans l’éducation, sous la forme : « Enfants terribles et parents exaspérés [2]». Selon cette doctrine positive, le désir de l’Autre peut être source de domination, de traumatisme, voire de menace, et entraver le potentiel cognitif et cérébral de chaque individu.
Lors de cette conférence, nous reviendrons plus globalement sur les conséquences actuelles de « l’évaporation du père » qui, comme le précise Jacques-Alain Miller, s’est initiée au siècle des Lumières[3], c’est-à-dire au temps où les discours de la science et du capitaliste ont imprégné les rapports sociaux.
Mathieu Siriot, psychanalyste,
membre de l’ECF et de l’AMP
[1] Cf Seligman M.,
La fabrique du bonheur. Vivre les bienfaits de la psychologie positive au quotidien, InterÉditions, 2011.
[2] Cf Sommer-Dupont V (s/dir).,
Enfants terribles et parents exaspérés, Navarin, 2023.
[3] Cf Miller J.-A., « Le père devenu vapeur »,
L’impuissance des pères, Mental N°48, Novembre 2023, p. 14.
mercredi 9 octobre à 20h
Amphithéâtre Jean Cavaillès
3 place Louis Dewailly
80000 AMIENS
Insciptions en ligne
https://forms.gle/KqFky744SVCtSPr79