Du complotisme ordinaire

Du complotisme ordinaire – Alice Delarue.
 
À l’heure où les revendications égalitaristes ont déconstruit la hiérarchie traditionnelle du savoir[1], et où les réseaux permettent à tout un chacun de prendre la parole, les théories du complot sont sorties des milieux radicaux et devenues mainstream. L’enseignement de Lacan nous permet de ne pas réduire ce complotisme à la catégorie clinique de la paranoïa, mais de l’envisager aussi dans sa dimension ordinaire.
Le complotisme est l’une des formes de la folie dans la civilisation[2], il est une manière de dénier le réel au moyen de savoirs délirants[3] – dans la mesure où ils font exister l’Autre et prétendent à la vérité. Nous verrons comment le discours analytique, parce qu’il n’invite pas le psychanalyste à se faire le gardien de la réalité sociale[4], permet de « serrer le décalage entre la vérité et le réel »[5], et de s’en servir au moment de prendre sa place dans ce mouvement de la civilisation.

Cette conférence s'inscrit en direction du XIVe CONGRES DE L’AMP, TOUT LE MONDE EST FOU. Plus de renseignement : ICI


[1] Cf. Miller J.-A., « Tout le monde est fou, AMP 2024 », La Cause du désir, n° 112, novembre 2022.
[2] Cf. La Cause du Désir, n° 98, « Folies dans la civilisation », 2018.
[3] Cf. Caroz G., « Le degré zéro de la folie », argument du Congrès de l’AMP 2024.
[4] Cf. Miller J.-A., « Enfants violents », Après l’enfance, Paris, Navarin, 2017, p. 207.
[5] Miller J.-A., « La passe du parlêtre », La Cause freudienne, n° 74, mars 2010, p. 123.