"Le point où nous en sommes."
Nous nous proposons d’interroger cette année « Le point où nous en sommes » comme le formule Lacan dans sa conférence à Alla Scuola Freudiana qu’il prononça le 30 mars 1974*.
A l’instar du Club de Rome publiant, deux ans plus tôt, son rapport devenu célèbre sur les « limites de la croissance », Lacan interprète son époque et propose dans cette contribution quelques lignes de forces qui ne cessent, un demi-siècle plus tard, d’agiter notre présent : l’effet du réel sur les parlêtres, l’usage des lathouses devenant déchets, le mirage du moi autonome dans la fonction psy et la « nécessité à ce qu’il y ait des analystes », une nécessité « liée à quelque chose qui est devenu impossible dans la vie » des êtres parlants. Ces intuitions seront esquissées lors de notre première rencontre et seront investiguées dans les séances qui suivront.
A nouveau, nous vous donnons rendez-vous en distanciel, le lundi 23 mai à 21h. Un lien zoom vous sera envoyé au préalable.
Nous vous rappelons enfin que l’atelier est réservé aux membres de l’ACF CAPA mais que des invitations peuvent être proposées à des collègues proches de nos cercles.
*Conférence donnée par Lacan au Centre culturel français le 30 mars 1974, parue dans l’ouvrage bilingue : Lacan in Italia, Milan, La Salamandra, 1978, pp. 104-147.
Thomas Roïc,
Pour le comité régional de l’ACFenCAPA
Programme
Soirée du 23 mai 2022
- Jean François Reix, "Un des plus gros obstacles à l’amour c’est le corps"
« Ce qui fait après tout un des plus grands obstacles à l’amour, c’est justement le corps »
Qu’il y ait des obstacles à l’amour, nul n’en doute. La psychanalyse elle-même y a construit ses fondations, et ne cesse depuis d’en questionner les ressorts. En ce sens, l’énoncé de Lacan que nous mettons à l’étude dénote par ces accents d’épilogue : « après tout », « c’est justement ». Ne nous y trompons pas. Si cette tonalité apparaît comme une pointe dans l’enseignement de Lacan, c’est avant qu’il ne soit à nouveau questionné. Pour cette soirée, nous aimerions explorer quelques avancées de Lacan quant à l’amour, au moment même où il prononce cette conférence de mars 1974, alors que son séminaire Les non-dupes errent bat son plein. L’amour semble obéir à un temps logique, où l’instant de voir reflète la contingence de la rencontre propre « aux évènements humains ». « Mon nœud borroméen », précisera Lacan, est l’outil pour serrer l’incalculable, la résonance, les échos, comme autant de conséquences de l’heur de toute rencontre, toujours-déjà ratée. À ce réel de la rencontre va répondre, ou pas, un traitement construit sur les ruines de cet instant de voir, pour lesquelles Lacan use d’un néologisme : l’(a)-mur. Autant, il vient border ce réel, y faire limite, autant il ouvre vers le prolongement du temps pour comprendre. Reste à savoir comment le corps, et quel corps, y est engagé dans « le nœud de l’affaire ».
- Agathe Sultan, "Politique psy : mon psy et l’âne à liste".
"Les psys sont vent debout contre la série d'attaques visant leur profession. Derrière les dernières en date, le pernicieux dispositif MonPsy et le diffamant rapport de l'Académie de médecine sur les psychothérapies se cache l'attaque discrète contre la psychanalyse, dénoncée comme idéologie, et les fondements politiques et éthiques de sa pratique. La conférence de Lacan indique ce "point où nous en sommes" en 74 de cet "encombrement par le réel de la science" et je propose de la mettre en perspective avec le cours de Jacques-Alain Miller de 2003-2004 où il dépeint cet "homme sans qualités", afin de situer le combat contre l'amendement Accoyer".
Soirée du 25 avril 2022
- Elisa Cuvillier, "Mythes de bisexualité : 1+1 = 2"
Dans le mythe d’Hermaphrodite, Ovide déploie longuement la quête de deux êtres, Hermaphrodite et la nymphe Salmacis, avides de percer, chacun de leur côté, le mystère de l’autre sexe. L’on pourrait penser que la fusion finale est une issue favorable à cette quête, mais il n’en est rien, Ovide fait davantage de cette union une aporie. "Avoir les deux sexes, c’est n’avoir ni l’un ni l’autre ou n’être que l’un ou le même parce qu’il n’y a plus d’autre", avance l'historien Luc Brisson.
Ovide, Les Métamorphoses, livre IV, vers 285-388 (consultable sur internet)
- Bernard Lecoeur, "Qu'allait donc faire Lacan en Italie ?"
Nous mettrons au travail cet énoncé : c'est la langue qui donne le modèle de l'élément.